Au milieu des années soixante-dix, l’industrie soviétique traverse une crise structurelle dont les facteurs émergent peu à peu: l’effondrement des gains de productivité serait due non seulement à une crise démographique, à un vieillissement des machines et des usines, mais aussi à une organisation du travail obsolète, trop centralisée et bridant l’autonomie des travailleurs. C’est à Gorbatchev que revient la responsabilité de donner, pendant la perestroïka, davantage de liberté pour favoriser l’initiative privée qui aurait du réorganiser la production. Le bilan de ces réformes économiques sera en réalité très limité.

"A travers la jungle et les marais, nous avons réussi à accéder à tes richesses, Sibérie!" A la tête de l’URSS depuis 1965, Léonid Brejnev représente, après les années Khrouchtchev, un retour aux priorités de l’agriculture, de l’industriel lourde et de la défense. S’y ajoute en 1972, la nécessité d’exploiter le « front pionnier en Sibérie ». Située à l’est de la Russie et représentant les trois quart de son territoire, cette région au climat froid possédait des ressources minières considérables, notamment en pétrole et en gaz. Cette politique devait aussi changer l’image de cette région surtout connue pour le Goulag et les camps de prisonniers qui continuaient d’exister, sans avoir toutefois l’ampleur de la période stalinienne.

Si les foyers sont presque tous équipés d’un téléviseur, le plus souvent en noir et blanc, la majeure partie des appareils sont vétustes et présentent encore parfois des dangers d’implosion dans les années quatre-vingt. Les stocks étaient pourtant encore considérables mais difficiles à écouler en raison des problèmes de sécurité. Comme pour le secteur automobile vingt ans avant, l’URSS fit appel à des constructeurs étrangers, dont le français Thomson pour commencer à produire des téléviseurs de meilleure qualité.

"Mes plans ce sont ceux du Parti" Tout comme ses prédécesseurs, Léonid Brejnev, au pouvoir entre 1964 et 1982, relança la planification, fondement de l’économie soviétique. Conservateur, il la réorienta, après la période réformatrice de Khrouchtchev, sur des bases plus réactionnaires, mettant en avant le patriotisme et le rôle central de l’adhésion ouvrière à la volonté du Parti, comme le montre cette affiche. Le Xe plan (1976-1980) privilégia en ce sens la production et l’exportation de matières premières qui devaient permettre l’importation de machines et de technologies occidentales.

"Au travail et à la maison, économisons". Les difficultés énergétiques que connaît l’URSS en 1986-1987 ont deux causes principales: d’une part la production de pétrole et de gaz est de plus en plus compliquée et coûteuse en Sibérie. . La catastrophe de Tchernobyl en 1986, a fragilisé un temps la construction de nouvelles centrales nucléaires et donc la production d’électricité. D’autre part, la baisse des cours mondiaux du pétrole contraint le pays à prélever sur sa consommation interne afin de maintenir les volumes exportés et donc la rentrée de devises.. Comme l’industrie soviétique est très consommatrice d’énergie et que sa mauvaise organisation entraîne un gaspillage considérable, les dirigeants n’ont pas d’autre choix que d’imposer à la population des campagnes d’économie d’énergie qui ne pouvaient qu’accroître le mécontentement contre les réformes du pouvoir.

La première Trabant sort des usines est-allemandes en 1957, l’année même du lancement par les soviétiques du Spoutnik. Elle est conçue comme une voiture “minimale”, robuste et facile à bricoler. Dans les années quatre-vingt, il faut attendre parfois plus de dix ans avant de pouvoir en obtenir une . Elle devient alors le symbole d’une certaine réussite au sein du système communiste, mais aussi de la possibilité d’un “tourisme” individuel dans les pays “frères” comme sur cette affiche. Le 9 novembre 1989, lorsque tombe le Mur de Berlin, les images des Trabants venant de l’Est font le tour du monde nourriront plus tard “l’Ostalgie”, ce sentiment de nostalgie des allemands de l’est après la réunification.

Au début des années soixante-dix, la Roumanie est un des pays les plus en retard du bloc de l’Est et la plan pour les années 1971-1975 veut encourager la production industrielle. La télévision roumaine joue ici son rôle de propagande et exalte la figure communiste classique de l’ouvrier au travail et de la conscience de classe ouvrière qui se perpétue de génération en génération, y compris, d’après le commentaire, chez un enfant de trois ans ! Le reportage n’oublie pas non plus au passage la figure féminine de « l’ouvrière soudeur » qui participe elle aussi à la réussite de la planification industrielle.

Construite avec l’aide du fabricant italien Fiat, l’usine VAZ de la ville de Togliatti se met à produire à partir de 1970 une voiture robuste, la Jigouli, inspirée de la Fiat 124. Si les célébrations de la trois millionième voiture font la part belle aux dirigeants communistes locaux et aux figures historiques de l’URSS sur les pancartes, c’est en réalité grâce au transfert technologique avec les constructeurs de l’Ouest, comme Fiat ou Renault que la production automobile soviétique s’est accélérée. Ce sont ces véhicules de la firme AvtoVAZ , au nom compliqué, qui seront dénommés « Lada » pour faciliter leur commercialisation à l’Ouest.

La centrale nucléaire de Dukovany en Tchécoslovaquie fut construite sur le modèle de celle de Tchernobyl, et lancée en 1985. Le lancement de cette première centrale est assuré par des ingénieurs tchèques épaulés par des « experts » russe, illustrant la coopération économique « forcée » au sein du CAEM, Conseil d’Aide Economique Mutuelle, chargé depuis 1949 de la spécialisation des industries nationales au sein du bloc communiste. L’installation de cette centrale avait suscité des manifestations et une opposition chez le voisin autrichien, mais elle a toujours fonctionné correctement depuis lors.

Pays encore très rural au début des années 70 puisque moins de la moitié de sa population est urbaine, la Roumanie est alors en pleine mutation. Le pouvoir socialiste de Ceaucescu a lancé un programme de « systématisation territoriale » en 1967 avec pour but de multiplier par trois le nombre de villes, et notamment celles de taille moyenne, en 20 ans. Ce reportage de la télévision officielle vante les mérites d’un urbanisme « moderne et harmonieux » mais en réalité les populations rurales étaient souvent contraintes de migrer vers les villes et la vie quotidienne des roumains était très précaire dans un pays fortement endetté.

Ce reportage de la télévision soviétique est à la gloire du secteur industriel national qui repose, au début des années quatre-vingt, sur l’acier,dont l’URSS est le premier producteur mondial, le textile, la motorisation et surtout l’énergie et l’extraction des ressources énergétiques naturelles. Pour autant, derrière ces images de propagande, derrière les sourires répétés des ouvriers métallurgistes ou des employées d’usines de textile, la réalité de l’économie est beaucoup plus sombre puisque les installations sont vieillissantes, la main d’œuvre insuffisante et la rentabilité faible. MUET

Les moissonneuses batteuses modernes de cet extrait de la télévision d’Etat ne doivent pas faire oublier la difficulté dans laquelle se trouve l’agriculture tchèque en 1980. Inondations, hiver rigoureux et été caniculaire de 1976 ont affaibli les récoltes, les pièces de rechange manquent pour la réparation des machines agricoles et la Tchécoslovaquie est contrainte d’augmenter ses importations de blé, notamment en provenance des pays du CAEM. Cependant, l’agriculture tchécoslovaque fut beaucoup plus productive au milieu des années quatre-vingt.