Religion

Culture

Religion

Les Etats socialistes ne furent guère favorables aux religions. « Opium du peuple », la religion apparaît dans la théorie marxiste comme justification de l'ordre social bourgeois remplissant une fonction d'aliénation ou de mystification des masses laborieuses. De là les persécutions subies par les différentes religions, qu'elles soient chrétiennes, musulmanes ou juives, dans la Russie bolchévique d'abord, dans les pays d'Europe de l'Est à partir de 1945 ensuite. Pour autant, les États socialistes n'ont pas purement et simplement liquidé les Eglises, soit par souci de ne pas heurter les populations en rompant avec des traditions auxquelles elles étaient très attachées, soit par désir d'exercer un étroit contrôle des cultes. C'est ainsi qu'en URSS, à partir de 1923, tandis que la législation dite d'indésirabilité autorisait les déportations en masse du clergé, la GPU (Direction Politique d’État) tâchait d'affaiblir l'orthodoxie de l'intérieur en fomentant un schisme, dit de « l'Église rénovée », et en tentant d'infiltrer le synode, et arrêtant les évêques réfractaires. En dehors des institutions officielles, une vie religieuse clandestine perdura sous le communisme. Dans ce surprenant maintien des pratiques religieuses, on peut voir un antidote au totalitarisme dominant : les Eglises ont pu apparaître comme le seul lieu où l'on puisse agir et penser librement, offrant une « contre-culture » structurée pour ceux qui furent en révolte contre le communisme. Dans les années 1970, on assista même à un réveil religieux vigoureux en Lituanie, en Pologne, mais aussi - même s'il fut plus atténué - en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, et jusqu'en Bulgarie et en Albanie. Depuis 1989, le mouvement de renaissance des nations qui a traversé les pays post-communistes s'est accompagné de l'essor d'une « religion-patrimoine », de nature identitaire. On a pu également affirmer que le religieux comblait, dans certains pays, le vide idéologique produit par la disparition du marxisme-léninisme.

Archive

Les moines du monastère Potchaievsky (Ukraine), qui avaient participé activement à la Deuxième Guerre Mondiale.

Entre 1917 et 1940, dans la Russie bolchévique, 75 000 lieux de culte ont été détruits, 600 évêques, 40000 prêtres, 120 000 moines envoyés dans les camps.

Pays: Union Soviétique / année:

Entre 1917 et 1940, dans la Russie bolchévique, 75 000 lieux de culte ont été détruits, 600 évêques, 40000 prêtres, 120 000 moines envoyés dans les camps. Avec l'invasion allemande sous la Seconde Guerre mondiale, et devant la débâcle, Staline fait cependant appel à l'Eglise et lui promet une renaissance partielle en échange d'un « loyalisme sans faille ». Dès 1959, Khrouchtchev relancera les persécutions.

Le pèlerinage de la Vierge Noire à Czestochowa.

Nombre de lieux de culte ayant été détruits ou fermés par les autorités communistes, la population qui resta attachée à la pratique religieuse s'adapta

Pays: République Populaire de Pologne / année:

Nombre de lieux de culte ayant été détruits ou fermés par les autorités communistes, la population qui resta attachée à la pratique religieuse s'adapta, improvisant par exemple ce confessionnal photographié à Czestochowa en Pologne en 1976, auprès d'un lieu de pèlerinage de la Vierge Noire.

Activistes du mouvement "Kirche Von Unten" (L'église d'en Bas).

A partir de 1987, plusieurs actions témoignent de la combativité accrue des contestataires, notamment chrétiens.

Pays: République démocratique allemande / année:

A partir de 1987, plusieurs actions témoignent de la combativité accrue des contestataires, notamment chrétiens. De là la veillée de protestation contre l'intervention de la police au temple de Zion à Berlin-Est en novembre, ou la manifestation organisée par le mouvement « Kirche Von Unten » (« l'Eglise d'en bas »), à la fondation duquel participa un ancien prêtre de RDA, Friedrich Schorlemmer, qui fut ensuite aussi membre du Renouveau Démocrate, l'un des deux principaux mouvements d'opposition qui se mirent en place à l'automne 1989.

Un muézzin appellant à la prière (adhan) à Bakou, Azerbaïdjan

Si, dès les années 1920, et jusqu'en 1989, les autorités soviétiques réduisirent l'islam comme l'orthodoxie à une pure pratique cultuelle, sous condition drastique et dans d'étroites limites.

Pays: Union Soviétique / année:

Si, dès les années 1920, et jusqu'en 1989, les autorités soviétiques réduisirent l'islam comme l'orthodoxie à une pure pratique cultuelle, sous condition drastique et dans d'étroites limites. En faisant du pratiquant un marginal suspect et finalement un non-citoyen, elles ne purent éradiquer des gestes d'affirmation mi-religieuse, mi-identitaire, comme le montre ce muezzin qui appelle à la prière du haut du minaret d’une des mosquée de Bakou.

Cours d’athéisme pour les enfants

Depuis 1917, on ne comptait plus en Union soviétique les lieux de culte détruits ou transformés en cinémas, usines ou entrepôts.

Pays: Union Soviétique / année:

Depuis 1917, on ne comptait plus en Union soviétique les lieux de culte détruits ou transformés en cinémas, usines ou entrepôts. C'est qu'il s'agissait de débarrasser les masses laborieuses de leur « opium » au nom d'un athéïsme officiel enseigné dès le plus jeune âge.

Juin 1979: Le Pape Jean Paul II à Varsovie, sur la place Place de la Victoire lors de son premier voyage en Pologne.

En Pologne, malgré les tracasseries du pouvoir, les années 70 voient croître encore l'influence de l'Eglise et s'affirmer le rôle de la religion comme ciment national.

Pays: République Populaire de Pologne / année:

En Pologne, malgré les tracasseries du pouvoir, les années 70 voient croître encore l'influence de l'Eglise et s'affirmer le rôle de la religion comme ciment national. Les différents voyages du nouveau pape, le Polonais Jean-Paul II, encouragent ce mouvement. Le « n'ayez pas peur » qu'il lance dans son premier discours pontifical le 22 octobre 1978 retentit en Pologne comme un vrai mot d'ordre. « Il faut accepter tout le patrimoine spirituel qui a pour nom Pologne », recommande le pape encore en juin 1979 aux foules de Cracovie. « Ne perdez pas courage ! Ne vous coupez pas de vos origines ! ». MUET

Film de la Stas i: entrées et sorties devant une Eglise a Berlin-Est en 1988

En dépit des persécutions contre le clergé et de la fermeture occasionnelle ou définitive des lieux de culte, la vie religieuse perdure, constituant même une antidote au totalitarisme.

Pays: République démocratique allemande / année:

En dépit des persécutions contre le clergé et de la fermeture occasionnelle ou définitive des lieux de culte, la vie religieuse perdure, constituant même une antidote au totalitarisme. Les autorités ne s'y trompent pas, voyant dans le maintien des pratiques religieuses une forme de dissidence, d'où l'étroite surveillance policière des lieux de culte, notamment pratiquée par la police secrète de RDA, la STASI. (MUET)

Rassemblement pour la liberté d’expression dans une Eglise de Berlin-Est en 1989

Si les Eglises protestantes de RDA, qui avaient signé un concordat avec le régime communiste

Pays: République démocratique allemande / année:

Si les Eglises protestantes de RDA, qui avaient signé un concordat avec le régime communiste, se tinrent longtemps à l'écart de toute contestation, dès 1987 plusieurs actions témoignent d'un combativité accrue de la part des contestataires, qui gagnent les milieux ecclésiastiques. Cet appel lancé par un évêque à la population en l'encourageant à exercer sa liberté d'expression témoigne du basculement des autorités religieuses dans la résistance politique.

Baptêmes et vie religieuse à l’époque de la Perestroïka

Les autorités soviétiques faisaient du pratiquant un marginal suspect

Pays: Union Soviétique / année:

Les autorités soviétiques faisaient du pratiquant un marginal suspect, ce qui explique pourquoi par exemple les parents craignaient de faire baptiser leur enfant. Les persécutions ou vexations n'empêchèrent toutefois la perpétuation des pratiques, alors réduites à la clandestinité ou au cercle familial.