En mai 1985, Gorbatchev lance une vaste campagne anti-alcool, reposant sur une législation plus rigoureuse de limitation de la production et de la vente, une augmentation des prix de 25%, le renvoi d'officiels gros buveurs, le bannissement de l'alcool des lieux de travail, la création d'une société de lutte pour la sobriété. Très impopulaire, provoquant de longues queues aux heures de vente, la campagne, qui fait exploser la production illégale, vaut à Gorbatchev le surnom de « Secrétaire eau minérale » et fait perdre à l'État 50 à 100 milliards de roubles. Elle est abandonnée en octobre 1988.

Durant la campagne anti-alcool, Gorbatchev fit arracher 300 000 hectares de vignes en URSS, sur un vignoble d'environ 1,1 million d'hectares, surtout situé en Géorgie et en Moldavie (sans oublier les vignobles plus modestes de Russie, d'Ukraine, de la Mer Noire et d'Asie centrale). La production était organisée en grands combinats industriels. À partir des années 1930, dans le cadre de la planification soviétique, l'URSS avait planté, pour son propre marché, de grands vignobles standards en Bulgarie. Il existait aussi des viticultures nationales indépendantes en Roumanie et en Hongrie.

Dans les sociétés communistes, traditionnellement tolérantes envers la boisson, l'alcoolisme n'était pas considéré par les autorités et le monde médical comme une maladie, mais comme un comportement antisocial facteur de délinquance et de criminalité, et une menace pour le développement socio-économique. L'alcoolisme était traité par l'hospitalisation punitive et la rééducation par le travail. Quelques progrès éphémères furent cependant faits pendant la campagne anti-alcool de Gorbatchev, avec la mise en place de centres de soins spécialisés dans le traitement imposé de l'alcoolisme.

En août 1980, l'alcool est interdit dans les usines en grève en Pologne. Face à un État qui l'analyse comme un comportement antisocial et entend le traiter par une législation punitive peu efficace, l'Église, influente chez les ouvriers, assimile dès la fin des années 1940 l'alcoolisme à l'esclavage et y voit, au début des années 1980, le résultat d'une lassitude sociale et d'un manque de liberté. Prônant le retour aux normes morales chrétiennes, l'Église voit dans la persistance de l'alcoolisme l'échec du pouvoir à imposer une éthique personnelle fondée sur l'idéologie communiste.

Depuis le XIVe siècle existait en URSS une production rurale artisanale de "samogon" (alcool à base de sucre et de céréales, ou de raisin, de betterave, de pomme de terre, de fruits), clandestine jusqu'à la fin de l'ère soviétique à cause du monopole d'État sur la production d'alcool. Le mot désignait aussi la vodka de contrebande et des alcools faits à partir d'ingrédients nocifs. En 1985-1987, pendant la campagne anti-alcool, le nombre de producteurs illégaux fut multiplié par 5. Le samogon devint ainsi le pilier de l'économie souterraine et une très grosse source de revenus pour la mafia russe.