Comme dans les années trente, l’URSS doit une nouvelle fois avoir recours aux tickets de rationnement dans les années quatre-vingt, pour les produits de première nécessité comme dans ce cas, où ce ticket permettait pendant trois mois, d’obtenir huile d’olive, savon ou encore des allumettes.

«Vous ne devriez pas vous montrer! » Cette affiche critique l’abondance supposée des fermes d’Etat et de l’agriculture soviétique . En réalité, si la production agricole n’était pas la plus touchée par les pénuries, elle ne permettait pas, dans les fermes d’Etat, à l’agriculteur de prospérer. C’est pourquoi, pour éviter les marchés illégaux, les paysans étaient autorisés à vendre leur production privée sur des marchés kolkhoziens dont les prix n’étaient pas contrôlés par l’Etat. Cela permettait aux exploitants non pas de devenir, comme sur cette affiche, un exemple de réussite, mais tout de même de compléter leurs revenus.

La pauvreté est un mot presque interdit dans le vocabulaire officiel du pouvoir soviétique. Pourtant, au début des années quatre-vingt, des enquêtes en URSS montrent que 90% des personnes interrogées n’ont pas pu acheter des biens alimentaires plusieurs fois par mois, surtout de la viande, des œufs, des fruits et légumes et des produits laitiers. En revanche, l’approvisionnement semblait suffisant pour d’autres produits dont le poisson, le sucre…et la vodka !

En novembre 1988, le premier ministre britannique Margaret Thatcher se rend en visite officielle en Pologne alors dirigée par le Général Jaruzelski . Dans un climat de négociation avec le syndicat d’opposition Solidarnosc qui reste interdit , le gouvernement polonais veut donner le sentiment à la « Dame de fer » que la population peut désormais s’approvisionner dans les marchés grâce aux « réformes » récentes et qu’elle peut donc envisager sereinement son projet d’aide financière occidentale à la Pologne.

Pendant les années soixante-dix, la dette polonaise a été multipliée par vingt. L’échec de la politique économique conduit à une augmentation brutale des prix à la consommation au début des années quatre-vingt. Le 1er juillet 1980, le gouvernement annonce la hausse du prix de la viande ce qui déclenche des manifestations et des mouvements de grèves. Neuf mois après, des tickets de rationnement pour la viande sont mis en place entraînant le scepticisme de cette commerçante.

Au début des années soixante-dix, la collectivisation de l’agriculture roumaine est presque complète et les fermes d’Etat et les fermes collectives que l’on voit sur cet extrait fournissent une production qui ne parvient pourtant pas à faire face à la demande. En effet, la Roumanie a fait porter tout ses efforts sur l’investissement industriel et la pénurie agricole est grandissante jusque dans les années quatre-vingt contrairement aux images de propagande comme celles-ci. Les statistiques de la production agricole seront d’ailleurs régulièrement falsifiées au cours de ces années .

En Pologne comme en URSS, le circuit de production et de diffusion du livre était principalement entre les mains du Ministère de la Culture qui suivait une planification de l’édition. En plus d’une censure stricte qui réduisait le nombre de titres disponibles, la pénurie de papier accentuait le développement d’un marché parallèle d’ouvrages occidentaux qui circulaient de plus en plus dans les années quatre vingt.

Au début des années quatre-vingt, l’Etat polonais étant incapable de maintenir le niveau des importations de fourrages, la production de viande animale s’effondre et le prix de la viande s’envole. La consommation par personne diminue de 30 pour cents et le gouvernement met en place un système de ticket de rationnement déclenchant des grèves ouvrières et le développement d’un marché noir et la circulation de faux tickets de rationnement.

Parmi les secteurs touchés par la pénurie figure le logement. En dépit des efforts consentis par le régime, la construction de logements suffisants et bien équipés ne répond pas à la demande, ce qui les rend accessibles seulement à une minorité – les membres de la nomenklatura – ou dans des délais d'attente très longs, pouvant excéder les 10 ans.

A la fin des années 1980, la RDA d’Erich Honecker est confrontée à la pénurie. Certes les taux de consommation alimentaire en produits de base sont élevés et les prix fixes et stables depuis une trentaine d’année grâce aux subventions de l’Etat, permettent à la population de vivre décemment. Mais la demande change et les familles veulent obtenir des biens nouveaux (matériel hi-fi, automobile, ameublement etc..) qui sont eux surtaxés et dont les stocks sont faibles. D’où des délais d’attente insupportables pour une jeunesse qui voit ses homologues de l’Ouest accéder à cette société de consommation et un climat social qui se tend en 1989.