Polina Fomina dans la voiture de son grand-père, à 4 ans environ, au début des années 1980. Les voitures, comme tout autre bien très courant ailleurs, sont alors un luxe en Union soviétique, accessible seulement à une élite. Les listes d’attentes sont longues et l’achat d’une voiture peut coûter plusieurs mois de salaire.

Un portrait officiel de Polina pris à l’école en 1986-1987. Dès leur plus jeune âge, Polina et ses amis ont le sentiment d’être un peu à part, d’être « les enfants de la Pérestroïka », une période marquée par les crises économiques et de profonds bouleversements dans le pays : « Le rêve de devenir un héros pour la patrie s’est transformé en haine pour le régime soviétique. Les rêves sont simplement partis dans la direction opposée. »

Polina, habillée en costume traditionnel ouzbek. Les enfants sont habillés dans les tenues traditionnelles des différentes républiques soviétiques. A côté de Polina, une petite fille ronde porte un costume censé être ukrainien, tandis qu’un petit garçon représente le Belarus et une autre petite fille le Caucase (probablement l’Azerbaïdjan). L’harmonie et l’amitié entre les différentes nationalités de l’Union soviétique était l’une des valeurs clés de la propagande communiste depuis Staline. Les fêtes nationales étaient l’occasion de promouvoir cette idée auprès des enfants soviétiques.

Dîner en famille. Polina dîne sur la terrasse avec sa sœur, sa mère et une marmite de bortsch au cours de leurs vacances en Estonie, où la famille loue une datcha. Les vacances d’été en Estonie sont réservées à une élite. A seulement 200 km, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont la destination, principalement, des habitants de Leningrad et de la région environnante. En général, les habitants de Leningrad bénéficient d’une aura un peu particulière dans les autres républiques, aussi Polina et les siens n’auront jamais à faire face à des tensions nationalistes au cours de leurs vacances estivales.

Devant Buckingham Palace, en 1990. Pendant la Pérestroïka, il devient plus facile de voyager à l’étranger. En 1990, Polina part pour Londres dans le cadre d’un échange scolaire. Dans son souvenir, cet événement bouleverse sa vie et celle de sa famille : « Auparavant, personne ne pouvait imaginer que son enfant partirait un jour à l’étranger ! ». A Londres, elle achète son premier vrai jean, « pas une imitation faite en Inde », et l’odeur de la lessive, qu’elle sent un peu partout, devient pour elle « le parfum de la liberté. »

Polina Fomina avec sa famille d’accueil. En 1990, Polina passe quelques semaines à Londres pour un échange scolaire. A son retour, sa famille d’accueil lui prépare un pique-nique avec un sandwich, une pomme et une petite barre chocolatée, un Snicker. Elle le rapporte à la maison pour faire goûter à sa famille ce délice d’un autre mode, « comme du caviar pour le public occidental ».